Entre Tarsis et Ninive

Dans cette peinture, les voiles blanches se dressent comme des prières suspendues, mais l’obscurité environnante rappelle l’ombre de la désobéissance. Les couleurs éclatées, mêlant flammes rougeoyantes et éclairs turquoise, traduisent le tumulte intérieur de Jonas fuyant l’appel divin. L’embarcation semble se confondre avec une gueule béante, mi-bateau, mi-baleine, symbole du destin qui engloutit celui qui se détourne de sa mission. La lumière, pourtant, persiste au loin : reflet de la miséricorde qui patiente, prête à relever celui qui consent à revenir. Ici, la mer devient juge et refuge à la fois, théâtre de l’épreuve qui transforme. La fuite mène à la tempête, la tempête au repentir, et le repentir à la conversion d’un peuple tout entier. Ce tableau rappelle que nos refus et nos détours ne sont pas sans fruits : ils peuvent ouvrir des chemins que nous n’avions pas imaginés. Et si nos égarements faisaient aussi partie du dessein mystérieux du Créateur ?