Quintessence (1155)

Un torrent azuré traverse cette toile, éclatant au milieu des rouges flamboyants et des terres cuivrées. L’eau semble s’ouvrir en une vaste rivière céleste, charriant avec elle des fragments de lumière et des éclats de feu. Autour, la matière s’agite : bulles, cellules, gouttes suspendues, comme autant de mondes miniatures en gestation. On a l’impression d’assister à la rencontre de continents d’éléments : le feu se jette dans l’eau, la terre se dissout, l’air respire entre les interstices, et l’éther relie tout dans une même vibration. Rien n’est fixe, tout se transforme, tout se réinvente, comme un organisme cosmique en perpétuelle métamorphose. Le regard, happé par cette fluidité primordiale, se laisse entraîner dans ce flux qui n’a ni début ni fin. Peut-être est-ce là l’image de nos propres existences : un fleuve en mouvement constant, où chaque bulle de temps nous rappelle que nous faisons, nous aussi, partie de cette grande respiration de l’univers.