Champs élyséens

Cette peinture vibre d’une légèreté aquatique, comme un champ de roseaux ou de blés ondulant dans le vent. Les traits allongés, tracés au couteau, se dressent puis se courbent avec souplesse, évoquant à la fois des tiges souples et des plumes effleurées par une brise. Ces lignes fines, nerveuses mais aériennes, sont les veines mêmes du mouvement : elles capturent la direction du souffle invisible, donnent à la matière son élan. Chaque strie est comme un fil de lumière, une nervure qui relie la terre à l’air. Les bleus profonds de l’arrière-plan enveloppent la scène d’un écrin céleste ou marin. Ils contrastent avec les éclats dorés, verts et orangés des « tiges », qui deviennent autant de flammes dansantes ou de gerbes de vie. Les quelques touches rouges ponctuent l’ensemble comme des fleurs ou des notes vibrantes. Cette peinture suggère un Eden apaisé, un lieu où la nature et le souffle se confondent. Les stries au couteau, loin d’être de simples marques techniques, deviennent ici langage : elles disent la souplesse, la fragilité, et la beauté du mouvement perpétuel.