AQUARELLE : QUEL TYPE DE PAPIER CHOISIR ?
TOUT DÉPEND DE VOTRE TECHNIQUE ET DES TYPES D'OEUVRES ET EFFETS QUE VOUS SOUHAITEZ CRÉER
Lorsque l’on souhaite s’initier à la peinture aquarelle, un élément est très important à prendre en compte : quel type de papier utiliser en fonction de la technique que l’on souhaite pratiquer et du type d’œuvres que l’on souhaite réaliser (plutôt abstraites avec des effets de textures rendus par un papier épais et rugueux ? plutôt figuratives avec des détails fins, nécessitant un papier lisse,… ?)
Le choix de papier est très large, tant en termes de matériau (coton, cellulose, bambou, pâte de bois), de rugosité et de grammage et l'on s'y perd vite !
Le prix diffère aussi, assez logiquement, en fonction du matériau choisi, du format des feuilles et de leur conditionnement (feuilles libres, carnets, blocs encollés,…).
La technique que vous choisissez est aussi fondamentale dans le choix de vos papiers à aquarelle :
- Le papier en coton et en bambou sont parfaits, à la fois pour les techniques "sec sur humide" et "humide sur humide", absorbant bien les lavis progressifs.
- Le papier en cellulose est plus adapté à la technique "sec sur humide", car le contrôle de l’humidité est plus limité. Les lavis successifs ont tendance à abimer le papier, voire le déchirer.
Voici un comparatif pour les quatre principaux types de papier pour aquarelle :
- 100% coton
- 100% cellulose
- Mélange coton-cellulose
- 100% bambou
- 100% pâte de bois.
Grain (grammage, rugosité, texture)
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100% coton :
Sa texture est parfaite pour la création d’aquarelles, quelle que soit la technique utilisée. Ce papier est disponible en grain fin, moyen, ou rugueux. Le grammage recommandé est de 300 g/m² pour une bonne absorption sans déformation (plus le papier est épais, moins il gondole au contact de l’eau). -
100% cellulose :
Sa texture est moins naturelle que celle du coton. Moins absorbant, ce papier est adapté aux détails plus précis, notamment aux œuvres figuratives. Ce papier est proposé en grain fin à grain moyen, de 240 g/m² ou 300 g/m². -
Mélange coton-cellulose :
ce papier (généralement composé de 25% de coton) offre un bon compromis d’absorption de l’eau. Il est proposé au format grain fin ou grain moyen, entre 240 à 300 g/m². -
100% bambou :
Sa texture naturelle offre une douceur adaptée aux techniques douces et lumineuses. Ce papier est souvent proposé au format grain fin ou grain moyen. Son grammage est généralement de 265 à 300 g/m². -
100% pâte de bois :
Souvent plus lisse et moins poreux que les autres types de papier, il convient mieux aux applications de peinture légère, sans superpositions de couches de couleurs. Son grammage varie de 190 à 300 g/m².
Quel que soit le grammage proposé, le papier peut être :
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pressé à froid :
Le grain est alors moyen à rugueux, avec une texture visible, marquée, idéale pour les effets de matière et le contrôle des lavis. Il absorbe bien l’eau. -
pressé à chaud :
La surface est lisse, parfaite pour des détails fins et des œuvres figuratives, mais le papier est moins absorbant et demande plus de maîtrise pour les lavis.
Blancheur
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Coton :
Le blanc est naturel et conserve la luminosité des couleurs dans le temps et résiste bien au jaunissement. -
Cellulose :
La blancheur est plus vive et éclatante que celle du coton… mais a tendance à jaunir avec le temps. -
Mélange coton-cellulose :
La blancheur est standard, mais moins stable que les papiers en 100% coton. -
Bambou :
Sa teinte naturelle, un peu moins blanche, légèrement plus douce, résiste bien au jaunissement du temps qui passe. -
Pâte de bois :
Je ne la recommande pas, car elle a tendance à jaunir assez rapidement et altère les couleurs des aquarelles réalisées, les rendant parfois ternes, fades.
Absorption de l'eau et porosité
-
Coton :
L’absorption de l’eau et des couleurs est excellente ; l’eau se répartit uniformément sur le papier sans le déformer, notamment si le grammage est très épais (ex : 300 g). -
Cellulose :
Ce papier est moins absorbant et peut donc gondoler. Cependant, il sèche plus vite que le papier de coton, élément à prendre en compte si l’on aime peindre lors de voyages. -
Mélange coton-cellulose :
L’absorption est assez bonne, mais le papier, lorsqu’il est humidifié, est très sensible au gondolage. -
Bambou :
Ce papier absorbe bien l’humidité et résiste aux déformations. -
Pâte de bois :
L’absorption est moyenne à faible et le papier peut gondoler sous de fortes applications d'eau.
Uniformité et brillance des couleurs
-
Coton :
Ce papier rend des couleurs uniformes, profondes et brillantes. Les résultats sont souvent très réussis. -
Cellulose :
Les couleurs sont généralement moins lumineuses, même si les réserves de blancs sont plus éclatantes. Si les lavis ne sont pas contrôlés, le papier peut aussi présenter comme des taches d’eau. -
Bambou :
Ce papier confère brillance et uniformité à la peinture aquarelle ; il est particulièrement bien adapté aux couleurs vibrantes. -
Pâte de bois et mélange coton-cellulose :
Les couleurs peuvent perdre en brillance avec le temps et sembler aussi moins uniformes sur ces types de papiers.
Réflexion de la lumière et transparence
- Le papier 100% coton et en bambou conservent bien la transparence, permettant aux pigments de paraître éclatants et lumineux.
- La cellulose reflète bien la lumière mais est moins translucide.
- La pâte de bois et le mélange coton-cellulose ont une réflectivité moindre, surtout pour des lavis transparents.
Résistance à l'humidité, aux superpositions de couches et retouches et aux lavis
- Le papier 100% coton est le plus résistant et donc le mieux adapté aux couches successives de peinture et corrections. Il absorbe bien l’eau sans marques et convient donc parfaitement aux lavis, tout comme le papier en 100% bambou.
- Les papiers en cellulose et en bambou supportent moins bien les retouches de peinture. Les lavis sont moins fluides et homogènes. Moins résistants que le coton, ces papiers se déchirent plus facilement sous l’effet de l’eau.
- Le papier en pâte de bois n’est pas du tout adapté aux superpositions de couleurs et aux corrections. Les lavis ne sont pas non plus très réussis, car il existe alors des démarcations visibles entre les couches de peinture.
En ce qui concerne la pérennité des aquarelles réalisées :
Il est important de vérifier le niveau d’acidité (PH) des papiers :
- Les papiers sans acide (surtout le coton et le bambou) ou à PH neutre offrent une meilleure conservation et sont idéaux pour des œuvres durables ;
- La cellulose peut être acide, ce qui affecte la durée de vie de l’œuvre.
Ces informations vous éclairent sur le type de papier qui correspond le mieux à votre technique, à vos besoins et espérances en termes de rendus (couleurs, réserve des blancs,…) ?
Il ne vous reste qu’à choisir parmi les formats de papiers proposés :
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Feuilles libres :
Disponibles pour tous types de papier, elles sont parfaites pour peindre des œuvres de grand format. -
Blocs encollés :
Idéaux, notamment lorsque l’on débute dans la peinture à l’aquarelle, ils ont pour principal avantage de maintenir le papier tendu, même lorsqu’on peint en "humide sur humide" en l’empêchant de gondoler. Une fois votre œuvre peinte, attendez qu’elle soit totalement sèche, puis enlevez la page de papier du bloc encollé à l’aide d’un cutter. -
Carnets à spirales :
Ils sont très pratiques pour l’étude et les croquis et facilement transportables, notamment lors de voyages. Cependant, le papier a tendance à gondoler.
En dehors des feuilles libres, plus grandes, les blocs et carnets sont disponibles aux formats carte postale, A5, A4 et A3.
Enfin, notez que :
- les papiers rugueux à fort grammage en coton rendent mieux les effets de texture ; ils sont parfaitement adaptés aux techniques abstraites et à la l'expression libre ;
- Les papiers lisses en cellulose sont parfaits pour les œuvres figuratives avec de nombreux détails (ex : portaits, animaux, fleurs,…), difficiles à peindre sur du papier rugueux qui présente comme des "bosses" lorsque l’on dessine des traits et détails fins ;
- Le papier en bambou est idéal pour les paysages minimalistes (ex : peintures chinoises).
Bonne inspiration à toutes et tous !
Elisabeth Eliora
Crédits photos :
- Maquette réalisée avec PlaceIt.
- Pinceaux (c) PngTree