PEINDRE SANS NUIRE À NOTRE ENVIRONNEMENT…

Très sensible à la protection de notre planète et Écologiste convaincue, un sujet m'intéresse particulièrement en tant qu’Artiste-Peintre : le recyclage des déchets liés à la création artistique.

Je suis à la fois effrayée et extrêmement attristée par le nombre de tubes de peinture en plastique, bidons de vernis, de résine, de mediums de lissage, d’encres, bols et gobelets en cartons, mélangeurs à peinture, nappes de protection,… sans oublier les nombreux emballages que je jette chaque année.

Certes, je n’emploie volontairement aucun produit chimique, ni toxique, afin d’éviter toute forme de pollution de notre environnement, mais bien que je le souhaite ardemment, je ne sais pas comment empêcher ce gaspillage, car il n'existe pas encore de possibilité de recharger les tubes de peinture et autres mediums et solvants vides, par exemple, bien qu’on le fasse pour certains produits d’hygiène et de beauté et que cela doive donc être possible !

Une autre question se pose : comment et où jeter les matériels utilisés lorsqu’ils ne sont plus aptes à être utilisés (ex : peinture sèche dans un tube, vernis qui a jauni, medium altéré, restes de mélanges de peinture,…) ?

Réduire l’impact écologique de l’art en adoptant des pratiques et des matériaux plus respectueux de l’environnement me semble être un sujet essentiel, bien que rarement abordé.

Après avoir évoqué le sujet avec l’employé d’une déchetterie, voici donc quelques suggestions pour jeter, recycler et choisir les matériaux de manière durable dans un atelier de peinture.

1. GESTION ET RECYCLAGE DES MATÉRIAUX USÉS

Tubes de peinture et pots (plastique et métal)

• Tubes en plastique :
  Il faut vérifier s’ils portent un symbole de recyclage (généralement les plastiques #2, #4 et #5 sont recyclables). Si le tube est entièrement vidé et propre, il peut être recyclé dans les filières classiques de tri. Cependant, si de la peinture résiduelle subsiste, il faut le déposer en déchetterie avec les déchets spéciaux, car les résidus chimiques sont polluants. Il est possible de recycler certains « plastiques recyclables », mais il faut se renseigner sur les codes de recyclage et vérifier auprès de la commune ou du centre de tri local.
  Il existe une astuce simple pour réduire l’utilisation des tubes, mais à laquelle on ne pense pas toujours lorsque l’on a une liste d’achats précise : acheter des conditionnements plus grands si l’on utilise fréquemment une couleur spécifique  (ex : blanc, noir, couleurs primaires) ; cela réduit le nombre de tubes à jeter.
   
• Pots de peinture en métal :
  Si le pot est complètement vidé et sec, il peut être recyclé avec le métal. Sinon, pour les pots qui contiennent des restes de peinture sèche, ils doivent être apportés en déchetterie.
   
• Tubes en aluminium :
  Ils sont entièrement recyclables une fois vides. Il suffit donc de les nettoyer ou les vider complètement avant recyclage.

Pinceaux et couteaux

• Nettoyage éco-responsable :
  Essayer de nettoyer les pinceaux et couteaux à l’eau tiède ou avec un savon biodégradable (ex : savon de Marseille, savon noir) pour réduire l'usage de produits chimiques.
   
• Usure et fin de vie :
  Bien que le recyclage soit difficile, réutiliser les pinceaux pour d’autres activités (comme pour le bricolage ou pour appliquer des vernis) avant de les jeter peut prolonger leur durée de vie.

Nappes et protections de travail

• Protéger la surface (table, chevalet, sol,...) avec des cartons dépliés :
  Utiliser des cartons récupérés ou du papier épais pour protéger les tables, au lieu des nappes en plastique jetables permet de lutter activement, à la fois contre le gaspillage et la pollution de notre environnement (ex : plastique, cellophane,…). Les cartons peuvent être réutilisés plusieurs fois, une fois qu’ils ont séché, et être ensuite recyclés.
   
• Tissus ou chiffons réutilisables :
  À la place des lingettes ou serviettes en papier, utiliser des chiffons en tissu (comme des vieux draps découpés). Ces chiffons peuvent être lavés et réutilisés. Il faut juste les laver tant que la peinture est encore humide, afin qu’elle ne s’agrippe au tissu, notamment s’il s’agit de peinture acrylique, sui sèche très vite.

Bols, palettes et récipients pour peinture

• Bols en métal, en verre ou en céramique :
  Utiliser ces types de récipients pour mélanger les peintures est une bonne chose, car ils sont facilement lavables et réutilisables. Ils conviennent bien, notamment, aux techniques comme le « pouring » (peinture fluide).
   
• Palettes réutilisables :
  Les palettes en verre ou en céramique se nettoient bien et durent longtemps, contrairement aux palettes jetables en plastique ou en carton. Celles en bois sont écologiques, mais la peinture se fixe dans le bois et peut parfois être réactivée avec de l’eau (ex : blanc posé sur une empreinte de peinture turquoise) et ne sont donc pas les meilleures solutions.
   
• Récupération de bocaux en verre :
  Utiliser des pots en verre (ex : confitures) pour conserver les mélanges de peinture restants ou les encres est très utile. Les bocaux en verre sont facilement recyclés. Il sont faciles à laver, à ouvrir et refermer, ils sont étanches et permettent de stocker les peintures à long terme sans qu’elles sèchent trop vite. Personnellement, je les utilise pour toutes mes techniques de peinture fluide (« pouring ») et lorsque je peins avec des encres de couleurs.

2. COMMENT RECYCLER OU JETER LES PRODUITS NON UTILISABLES ?

Peintures séchées et mediums usés

• Peintures sèches ou inutilisables :
  Les résidus de peinture sèche (sur les pinceaux, couteaux ou palettes), si elles ne sont ni chimiques, ni toxiques (il existe des peintures et résines de type « VEGAN ») peuvent être jetés en petite quantité avec les déchets ménagers, mais il est préférable d’éviter d’en accumuler. Pour des quantités importantes de peinture sèche ou de mediums, il faut les déposer en déchetterie.
   
• Mediums usagés ou jaunis :
  Les mediums vieillis et inutilisables sont aussi considérés comme des déchets spéciaux. Ils ne doivent pas être jetés dans les canalisations ou poubelles ménagères, car ils contiennent souvent des composants polluants, nocifs, notamment, pour les environnements aquatiques (ex : encres, alcool, medium à diluer les encres,…).
   
• Encres polluées ou salies :
  Si elles sont à base d’eau, on peut essayer de les diluer fortement avant de les jeter en petite quantité. Sinon, elles doivent être amenées en déchetterie.
   
• Restes de peinture non utilisables :
  Une alternative est de les utiliser pour créer un fond ou une base colorée pour de futures œuvres. Cela permet de limiter les déchets. De manière générale, il est important de prendre uniquement la quantité de peinture nécessaire, d’éviter de surcharger sa palette, en préparant, par exemple, des couleurs dont on n’a pas vraiment besoin « au cas où » et bien refermer les tubes pour les conserver plus longtemps.

3. COMMENT PEINDRE EN RÉDUISANT AU MAXIMUM NOTRE IMPACT ENVIRONNEMENTAL ?

Choix de matériaux durables

• Opter pour des peintures non toxiques :
  Certaines peintures acryliques sont formulées sans produits toxiques ou métaux lourds, ce qui réduit leur impact environnemental.
   
• Utiliser des encres et peintures à base d’eau et non d’alcool et produits chimiques (ex : la peinture à l’huile est mauvaise pour l’environnement, car elle se travaille et se dilue avec de l’essence de térébenthine et du White Spirit). Elles sont généralement plus respectueuses de l’environnement, car elles se nettoient plus facilement sans solvant.
   
• Papier recyclé et toiles éco-responsables :
  Utiliser des toiles de coton bio ou du papier de sources responsables (FSC ou recyclé) pour ses créations. Certaines marques proposent même des toiles recyclables !
   
• Innover dans ses techniques de peinture :
  Recycler les peintures, pigments et vieux matériaux en les intégrant dans de nouvelles créations, comme pour les collages ou fonds de tableaux peut être une alternative à la fois écologique et créative ;-)

Techniques de nettoyage respectueuses

• Économiser l’eau :
  Nettoyer les pinceaux et autres outils dans un petit récipient et ne pas laisser couler l’eau pendant le nettoyage.
   
• Collecter les eaux de nettoyage :
  Pour éviter que les résidus chimiques se déversent dans les canalisations, collecter l’eau de nettoyage dans un récipient (ex : bouteille), laisser les résidus se déposer, puis filtrer avant de jeter l’eau propre.

Un dernier point, mais pas des moindres, me semble important : la COMMUNICATION !

Si vous participez, comme moi, à des salons de peinture où vous diffusez des supports de promotion pour faire connaître votre travail, évitez toutes les informations devenant vite obsolètes (ex : dates, noms d’expositions, adresses, n° de stand, etc…) : pour ne pas avoir à les jeter, privilégiez les supports pérennes indiquant par exemple, votre prénom, votre nom, votre technique et l’adresse de votre site internet pour vos kakémonos, flyers, marque-pages, goodies,… Vous pourrez ainsi les ré-utiliser lors d’une prochaine exposition ! Évitez aussi les cotons à gratter de couleur pour vos stands mobiles, ainsi que la moquette… c’est joli… mais tout est jeté à la fin des salons et pollue énormément !!!

J’invite tous les artistes et âmes de bonne volonté qui lisent cet article à le commenter en me faisant part de leurs idées et bonnes pratiques.

Ensemble, protégeons la plus œuvre d’art qui soit : notre planète, notre univers, l’œuvre de notre Créateur !

Bonne inspiration et belles créations « durables » à toutes et tous !

Elisabeth Eliora

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Ressources et liens utiles :

• Site du Ministère concernant la collecte des déchets
• Liste des déchèteries en France (Source : Data.gouv // État Français)
• Site INFO DÉCHET

Crédits photos :

1. Photomontage réalisé par Eliora Bousquet à partir d'une illustration de Gino Crescoli pour Unsplash (repris en vignette sur la page d'accueil de mon blog)
2. Photo de Ricardo Viana pour Unsplash
3. Photomontage réalisé par Eliora Bousquet