Quintessence (98)

Cette toile s’ouvre comme une clairière de lumière sous-marine. Les verts profonds dessinent un écrin, d’où jaillissent des éclats violets et pourpres qui se déploient en corolles flamboyantes. À travers ces teintes saturées, surgissent des touches d’azur, comme des éclats de ciel tombés dans l’océan, et des jaunes dorés qui brûlent doucement, pareils à des fleurs solaires au milieu des abysses. Chaque zone semble vibrer de vie : les formes blanches se gonflent comme des anémones translucides, les traînées rouges s’étirent en lianes ardentes, et la matière elle-même respire, comme animée par un souffle invisible. L’ensemble compose une symphonie organique où les couleurs se répondent dans un dialogue muet, révélant un langage premier, antérieur à toute parole. Ce jardin mystérieux invite le regard à se perdre dans ses ramifications, à franchir les seuils successifs de l’inconnu. On y perçoit à la fois la fragilité d’un corail, la majesté d’une étoile et l’intimité d’une cellule. Mais quel est donc ce lieu qui unit le minuscule et l’infini, l’océan et le cosmos ? Peut-être un souvenir secret du premier Eden, conservé au cœur de la matière…