PRÉPARER LES PHOTOS DE SES ŒUVRES POUR L’IMPRESSION

Lorsque l’on est Artiste et que l’on participe à un salon d’art contemporain ou une exposition collective, un catalogue imprimé est souvent proposé aux visiteurs.

L’organisateur de l’évènement demande alors aux artistes d’envoyer une à plusieurs photo(s) de leur(s) œuvre(s) "au format CMJN et en 300 DPI".

Pour les artistes n’ayant pas l’habitude de travailler avec des logiciels de PAO ou de graphisme professionnels comme Photoshop ou InDesign, cela peut sembler technique, voire incompréhensible.

Voici donc une explication simple pour les artistes non graphistes.

1. DIFFÉRENCES ENTRE LES COULEURS "RVB" ET "CMJN"

Les termes "RVB" et "CMJN" sont des modes colorimétriques, c’est-à-dire des façons différentes de représenter les couleurs dans une image.

• Le mode RVB (ou RGB en anglais) signifie "Rouge, Vert, Bleu". Il est utilisé pour les écrans (ordinateur, téléphone, tablette, TV) et c’est donc le format que l’on utilise pour les visuels et divers supports de communication destinés à être visualisés sur un écran (site internet, réseaux sociaux, newsletter, email,…). Les couleurs RVB sont souvent vives, lumineuses et saturées ;
• Le mode CMJN (CMYK en anglais) signifie éCyan, Magenta, Jaune, Noiré. Il est utilisé pour l’impression papier (catalogues, affiches, flyers, brochures, cartes de visite,…), car les imprimantes fonctionnent avec quatre encres : cyan, magenta, jaune et noir, et que toutes les couleurs des supports imprimés sont créées en superposant ces encres. Résultat : les couleurs imprimées sont fidèles aux couleurs originales.

2. POURQUOI DOIT-ON FOURNIR SES IMAGES EN MODE CMJN POUR UN CATALOGUE ?

Parce qu’une image en mode RVB (format standard pour toutes les photos prises avec un appareil photo numérique, un téléphone portable ou une tablette) peut donner un résultat imprévisible à l’impression : les couleurs seront beaucoup plus vives et saturées que les couleurs des œuvres originales, voire même fluorescentes. Ainsi, si vous adressiez à l’organisateur du salon ou de l’exposition à laquelle vous participez en tant qu’Artiste, la photo en mode RVB d’une de vos peintures destinée à être imprimée sur le catalogue, les couleurs imprimées seraient alors dénaturées, totalement différentes des couleurs originales.

• En mode CMJN, l’imprimeur maîtrise le résultat, car le fichier est déjà préparé pour son système d’impression. Les couleurs sont prévues pour être imprimées, donc elles seront proches du rendu final sur papier ;
• En mode RVB, l’imprimeur devra convertir lui-même chaque image, parfois avec perte de qualité ou de fidélité. En outre, certaines couleurs ne peuvent pas être imprimées (on dit qu’elles sont "hors gamut") et d'autres sont très complexes en terme de rendu, notamment les tons métalliques : or, argent, cuivre, bronze (ce qui est important pour les sculpteurs) et le violet (par exemple celui de mon logo, qui correspond à un rouge vénitien).

Pour tout document destiné à être imprimé (y compris les reproductions sur toile, aluminium ou textile et produits dérivés : sacs, t-shirts, objets de décoration, accessoires, articles de bureau,…) il faut donc toujours adresser à son prestataire des photos en mode CMJN, jamais RVB.

La conversion du mode RVB au mode CMJN se fait grâce à des logiciels de PAO ou de graphisme, dont certains sont accessibles gratuitement (voir point 4).

3. POURQUOI COMMUNIQUER LES PHOTOS DE SES ŒUVRES EN 300 DPI POUR L’IMPRESSION ? QUE SIGNIFIE "DPI" ?

Le terme DPI ("Dots Per Inch" en anglais) signifie "points par pouce". C’est une unité qui indique la résolution d’une image. Plus le chiffre est élevé, plus l’image est détaillée.

• Pour les photos destinées à être visualisées sur écran, 72 DPI (en mode RVB) suffisent. Les photos s’afficheront bien et seront nettes. Cependant, à l’impression, si vous les agrandissez, elles deviendront floues ou pixelisées ;
• 300 DPI (en mode CMJN) sont nécessaires pour une qualité d’impression professionnelle. Il s’agit du format standard demandé pour les catalogues et autres supports imprimés. À 300 DPI, les images sont nettes, précises, sans pixellisation, même en grand format.

À noter : vous pouvez enregistrer vos photos et autres visuels au format .jpg ou .png. La seule différence importante (outre le fait que seul le format.png conserve les éventuelles transparences) est que le format .png ne se modifie jamais, même après avoir enregistré et ré-enregsitré plusieurs fois une même image sur votre ordinateur ou une clé USB, ce qui n’est pas le cas du format .jpg (voir l’article dédié sur ce blog : "Gérer les photos de ses oeuvres : quel format de fichier choisir ?").

4. COMMENT FAIRE SI L’ON NE MAÎTRISE PAS PHOTOSHOP OU LA PAO ?

Voici quelques solutions simples pour préparer votre image correctement, même sans logiciels professionnels.

• Étape 1 :
  Prenez une photo en haute résolution avec un appareil photo numérique, un téléphone portable ou une tablette, en veillant à ce que la lumière soit naturelle, neutre ou blanche (jamais jaune, pour ne pas dénaturer les couleurs de vos œuvres) et qu’il n’y ait aucun reflet.
• Étape 2 :
  Vérifiez la résolution (DPI)
  • Sur Windows : clic droit > Propriétés > Détails > Résolution horizontale/verticale
  • Sur Mac : clic droit > Lire les informations > plus d’info

Si votre photo est en 72 DPI, utilisez un outil gratuit comme GIMP, Photopea.com, ou Canva Pro pour la convertir en 300 DPI, sans réduire sa taille.
Prévoyez une largeur minimale de 2.000 pixels.

• Étape 3 :
  Convertissez votre photo originale (en mode RVB par défaut) en CMJN
  • GIMP (gratuit) avec le plugin "CMYK" ;
  • Photopea.com (en ligne) : simule Photoshop, permet d’exporter en CMJN (via Fichier > Exporter > PDF CMJN).

5. EN RÉSUMÉ…

Ce que vous devez communiquer à votre prestataire pour imprimer le catalogue :

• Une photo nette et bien cadrée, sans filtre, ni aucune mise en forme et clairement nommée (ex. : Nom_Prénom_Titre_de_l_oeuvre_annee.jpg);
• Mode colorimétrique : CMJN ;
• Résolution : 300 DPI ;
• Taille minimum : 2.000 pixels de large ;
• Format de fichier : .jpg ou .png (ou PDF) de haute qualité.

En cas de problème ou de doute, n’hésitez pas à demander à l’imprimeur de vos supports (ou à l’organisateur de l’exposition) s’il peut traiter la conversion pour vous, si vous lui fournissez une photo en très haute qualité (300 DPI).

Meilleurs vœux de succès à toutes et tous !

Eliora

CRÉDITS PHOTOS :

Visuel et photo illustrant l'article (c) PngTree (Licence commerciale pro).