Quintessence (440)

Un fleuve de turquoise traverse cette toile comme une mer sans rivage. De part et d’autre, des continents de couleurs s’affrontent et s’embrassent : violet abyssal, or flamboyant, vert de jungle englouti. On ne sait plus si l’on contemple un récif foisonnant ou la cartographie d’une galaxie lointaine. Des éclats rouges jaillissent tels des coraux incandescents ou des soleils miniatures en suspension. Ils ponctuent l’espace d’une énergie vitale, comme des battements de cœur dans l’immensité. Le regard suit ces filaments ardents qui relient les deux masses colorées, tels des ponts cosmiques ou des veines de lave sous-marine. Au fond, de petites constellations vertes et dorées surgissent dans l’ombre, semblables à des bancs de plancton illuminés ou à des amas d’étoiles naissantes. Tout semble respirer, palpiter, se métamorphoser à chaque seconde. Cette peinture est un seuil : on pourrait plonger dans l’eau ou s’envoler vers l’espace, avec la même évidence. Microcosme et macrocosme se confondent, comme si la vie répétait son motif à toutes les échelles. Et l’on se surprend à se demander : sommes-nous, nous-mêmes, l’écho minuscule d’un océan céleste plus vaste encore ?