Les Champs d'Iarou (1)

Sous le souffle d’un printemps rêvé, la toile s’embrase de couleurs comme un champ en fête. Les aplats épais se déploient en mille pétales suggérés, portés par le geste ample du couteau. Le vert se fait écrin, vaste et mouvant, où s’épanouissent des éclats de rouge, de rose et d’orangé, pareils à des corolles qui vibrent sous la lumière. Chaque touche dense et vivante évoque la pulpe même de la nature : rugueuse, fertile, indomptable. On croit entendre bruire les feuillages, sentir l’odeur sucrée d’un bouquet sauvage, goûter à l’élan vital qui s’échappe de cette matière colorée. Dans cet entrelacs de formes organiques, l’œil se perd et retrouve, à chaque détour, l’écho d’un jardin primordial. C’est l’éclosion d’un Eden retrouvé, où la vie resplendit de son feu intérieur. Ici, la nature ne se donne pas en image fidèle, mais en pulsation. Elle est souffle, essence, vibration. Les couleurs jaillissent comme un chant qui célèbre la victoire du vivant, une proclamation ardente de l’éternel renouveau. Face à cette œuvre, le temps ralentit. L’âme s’abandonne à la contemplation, invitée à retrouver dans cette profusion de fleurs imaginées le secret simple et sacré : la nature est toujours source, toujours chemin, toujours vérité.