Le souffle de Mai (7)

Cette toile s’impose comme une déflagration intérieure. Au centre, une coulée rouge et orangée se déverse comme une lave flamboyante, reflétée par des ondulations qui rappellent le miroitement de l’eau. Ce souffle-là est dense, incandescent, comme s’il naissait d’un cœur en fusion. Autour, les verts et les violets s’accumulent en masses épaisses, donnant à la composition une profondeur presque forestière. On croirait voir un clair-obscur où la lumière cherche à s’arracher de l’ombre. Les stries traversent la toile telles des rafales qui déchirent un ciel d’orage. Les éclats lumineux, tantôt fluides, tantôt tranchants, racontent un combat : celui du feu et de l’eau, de la matière lourde et du souffle aérien. L’œil est happé dans cette faille lumineuse, comme attiré vers un passage secret. Cette toile n’est pas une simple brise printanière : c’est un cri, une respiration ardente qui traverse la toile de part en part. Elle évoque l’énergie brute de la vie, son jaillissement inévitable, et ce mystère qui nous relie à la source.