TARIFS DE VENTE
COMMENT FIXER LE PRIX DE VENTE DE SES PEINTURES LORSQU’ON DÉBUTE EN TANT QU’ARTISTE ?
Déterminer le prix de vente de ses œuvres est un aspect délicat pour les artistes débutants, car il faut trouver un juste équilibre entre la valorisation de leur travail et les attentes du marché. Or, c'est un exercice indispensable...
Voici quelques critères à prendre en compte et méthodes qu’il est possible d’utiliser pour définir ses prix de vente de manière cohérente :
1) Méthodes de prix basées sur la taille et la technique :
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Méthode du prix au centimètre carré ou linéaire :
Un moyen simple consiste à multiplier la surface de l'œuvre (en cm²) par un tarif déterminé en fonction de la technique, de l’expérience et des coûts de l’artiste.
Exemple : Pour une peinture de 30 x 40 cm (soit 1200 cm²), si l’artiste décide de fixer son tarif à 0,5 €/cm², le prix de l’œuvre est de 600 €.
Échelle progressive : Les artistes peuvent adapter le tarif au cm² selon la taille : par exemple, les grandes toiles peuvent être vendues à un tarif légèrement inférieur par cm², car le coût par cm² diminue souvent avec la taille. -
Méthode du prix linéaire :
Une alternative est de calculer le prix en fonction des dimensions linéaires (en additionnant la longueur et la largeur de la toile) ou de périmètre (surface totale de l'oeuvre). Cela simplifie le calcul et peut donner des prix compétitifs pour des tailles intermédiaires.
2) Prendre en compte les coûts de production (achat des "matières premières") pour chaque peinture :
- coût de la toile, de la peinture, des pinceaux, des apprêts, des vernis, du cadre et autres fournitures.
- Temps de travail : Estimer le nombre d’heures de travail et se fixer un taux horaire (par exemple, 15 € de l’heure pour un débutant) peut également aider à établir une base.
- Frais annexes : S’il y a des frais de transport, de location d’espace d'exposition ou de participation à un salon, des frais de stockage, des frais de douanes, ils doivent être inclus pour que l’artiste ne soit pas perdant.
3) Positionner ses œuvres en fonction de son expérience, de ses références et de sa reconnaissance :
- Pour les artistes débutants, il est souvent recommandé de commencer avec des prix accessibles, puis d’ajuster progressivement les tarifs en fonction de l’évolution de la demande et de leur notoriété.
- Estimer la demande : Analyser la réaction du public face à leurs œuvres et ajuster les prix en conséquence peut être un bon indicateur. S'ils reçoivent des retours positifs ou des propositions d'achat, cela peut justifier une augmentation progressive.
- Se comparer à des artistes du même niveau et/ou de même style et pratiquant la même technique de peinture : Observer les prix pratiqués par d’autres artistes ayant une expérience et un style similaire aide à situer son propre prix sur le marché.
4) Évaluer son travail en fonction de la technique et du style
- Certaines techniques (comme la peinture à l’huile, le collage de matériaux ou la peinture au couteau) sont souvent plus coûteuses et longues, donc elles peuvent être vendues à un prix plus élevé.
- Les œuvres uniques, détaillées ou techniques très travaillées, peuvent également être vendues plus cher que des séries ou des formats de petites tailles.
5) Considérer l'impact de l’encadrement et des finitions :
- Si les œuvres sont encadrées, cela ajoute de la valeur et justifie un prix plus élevé. Les finitions (vernis, encadrement de qualité, protection UV, etc...) peuvent aussi être mises en avant pour justifier un prix.
- Si l’artiste propose des impressions ou des tirages, le prix sera plus abordable que l’original. Par exemple, un tirage numéroté et signé peut être vendu moins cher que l’original, ce qui permet d’attirer un public plus large.
6) Constituer une base de prix cohérente :
- Fixer un tarif de départ et s’y tenir : Il est important de garder une cohérence dans les prix, même si cela évolue avec le temps. Des œuvres de dimensions similaires devraient être dans une même fourchette de prix, ce qui permet d’instaurer une logique de base.
- Ne pas sous-évaluer : Les artistes débutants ont souvent tendance à sous-évaluer leur travail, mais il est important de prendre en compte le talent, l’originalité, et le temps passé sur chaque œuvre. Un prix trop bas pourrait dévaluer leur travail aux yeux du public.
7) Établir des prix avec une vision de long terme :
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Créer une échelle de progression :
Les artistes débutants doivent fixer des prix qui pourront être augmentés en fonction de l’évolution de leur carrière. Par exemple, commencer avec des prix modestes, puis réévaluer chaque année ou après une vente significative. -
Suivre les retours :
Noter toutes les ventes réalisées pour justifier une augmentation progressive. Un tableau ou un historique de prix de vente aide aussi à montrer leur progression en tant qu’artistes. -
Factures et suivi des ventes :
Établir des factures et garder une trace de chaque vente est crucial pour établir une base et démontrer une valeur stable en cas de demande de cotation officielle plus tard.
8) Faire expertiser son travail d’artiste :
Lorsque l’on a déjà quelques références (expositions, salons, ventes d’œuvres et donc factures de vente,…), il est possible de faire appel à des professionnels de l’Art spécialistes de la rédaction de cotations agréées, afin de faire évaluer son travail.
Ces experts peuvent être Commissaires Priseurs, Experts en Art et Antiquités et se basent, non seulement sur le travail de l’artiste, le montant des factures de vente par taille et technique de peinture, mais aussi les tendances du marché de l’art. Ainsi, les prix de vente peuvent évoluer de façon positive ou négative dans le temps.
Avoir une cotation agréée permet de proposer aux acheteurs (grand public, collectionneurs publics et privés), mais aussi Galeristes, des tarifs valables pour toutes les peintures d’une même taille et technique, ce qui rend la tarification plus transparente. C'est un avantage important.
Après avoir passé 2 ans à peindre et exposer mes peintures, c’est cette neuvième solution que j’ai choisie pour faire réaliser ma cotation agréée.
L'inconvénient et que l'on ne peut ensuite plus modifier soi-même ses tarifs, à moins qu'il ne s'agisse d'oeuvres de taille plus petite ou plus grande que celles listées sur la cotation (ex : peinture de 20 x 20 cm pour une cotation commençant à 40 x 50 cm).
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En suivant ces conseils, vous pourrez, je l’espère, vous positionner progressivement sur le marché de l'art en valorisant votre travail.
Je vous souhaite le plus vif succès dans votre carrière artistique !
Elisabeth Eliora Bousquet
Crédit photo : Illustration sous forme de photomontage réalisée à partir de photos de PngTree et d'un pictogramme de The Noun project.