Qalam, la plume suprême

Dans cette peinture, les gestes du pinceau s’élancent comme des traits d’encre, prolongeant la pointe d’un calame sacré, évoquant l’élégance des calligraphies tracées au roseau. Le fond vert vibrant devient parchemin vivant, espace sensible où les couleurs se gravent comme des mots lumineux, comme une respiration de vie qui jaillit au détour de la matière. Les violets profonds, mauves et pourpres, s’étirent en volutes puissantes et fluides, porteurs de mystère et de spiritualité, rappelant la majesté de l’encre qui trace l’invisible. Ils ondulent tels des arabesques habitées, comme des lettres immenses que l’on devine sans les lire, fragments de poèmes enfouis ou prières offertes au silence. Le jaune et l’orange éclatent comme une lumière intérieure, jaillissement d’inspiration et de révélation, rappelant l’élan de l’artiste lorsqu’il peint ou écrit. La composition entière prend des allures de calligraphie cosmique, improvisée et pourtant guidée par une précision intérieure. Chaque mouvement, brut et libre, garde la rigueur d’un signe, d’un souffle figé dans le rythme, tel le déroulement d’une récitation ou l’élan d’une prière inscrite dans la matière. On croit voir une plume immense se déployer, dessinant dans l’espace des lettres qui ne disent pas des mots, mais des vérités profondes. Ainsi, la toile devient manuscrit sacré, parchemin de lumière où se dépose une écriture qui transcende les alphabets humains. Le geste pictural y devient langage de l’âme, invocation silencieuse, transcription vibrante de l’invisible. Et si peindre avec un qalam ou une plume suprême n’était pas tracer des mots, mais inscrire la lumière même dans la matière, révéler ce qui dort déjà au plus profond de nous ?